Shokuhin sampuru : l'art du faux aliment au Japon

Vous avez déjà franchi la porte d’un restaurant japonais qui ne fait pas de mystères à propos du contenu de sa carte : sur les étals, les étagères, les menus, sont présentées des reproductions très réalistes des plats servis. En plastique, silicone ou résine, on s’y laisserait facilement prendre ! D’ailleurs, pour la petite anecdote, un employé d’une pâtisserie d’Osaka, Andrew’s Egg Tart, a lui-même confondu les échantillons factices avec les produits comestibles de sa propre boutique. La semaine dernière, il a vendu 5 exemplaires de shokuhin sampuru – exemple de nourriture, à des clients sûrement très surpris au moment de la dégustation. C’est dire que le souci du détail et la précision des textures et des couleurs sont troublants de réalisme.

Cette technique de reproduction ne date pas d’hier et aurait été popularisée par un restaurateur dans les années 20, qui voulait montrer l’étendue de la culture culinaire nippone aux visiteurs étrangers, et faciliter les échanges en désignant simplement du doigt le met convoité. Il a donc sollicité un artisan qui travaillait initialement pour des médecins en leur fournissant des copies d’organes pour des études scientifiques.  

Ce savoir-faire a un prix. Un shokuhin sampuru peut coûter jusqu’à 100 dollars. Une coquette somme, à l’image de cette industrie qui pèse plusieurs millions au Japon. Un emblème national qui a traversé les frontières et se retrouve désormais dans de nombreux restaurants nippons à travers le monde. La fierté est telle pour cet art légèrement suranné mais au kitsch assumé, qu’une exposition lui est consacrée dans un centre commercial à Tokyo depuis le mois d’octobre. Toutes les pièces ont été conçues par des employés de la société Iwasaki, leader au Japon des aliments en plastique, fêtant cette année son 90ème anniversaire. Et il semblerait que l’art du faux semblant est encore de beau jours devant lui au Pays du Soleil Levant.

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Marie-Eve Brisson
Marie-Eve est journaliste chez Mint. Elle a fait ses armes chez Télérama puis Causette en passant par une agence de design et l’enseignement du yoga. Elle aime donc faire des détours dans sa vie professionnelle comme dans Paris, où elle part à la quête de nouvelles adresses, avec une prédilection pour les coins cachés, les épices qu’elle ne connait pas encore et les céramistes en tout genre.

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