Le paysage bascule vite : collines couvertes de figuiers de barbarie, maisons basses en pierre, moutons qui traversent les routes couleur terracotta… et au bout du chemin, un domaine suspendu au-dessus de la mer. À Mezgalef, dans l’arrière-pays de Larache, le silence ne vient pas du vide. Il raconte une région longtemps tenue à l’écart, où les femmes marchaient des kilomètres pour remplir un bidon d’eau, où certains, parfois, partaient vers l’Espagne sans jamais revenir. C’est ici, au cœur d’un paysage que l’on dit oublié, que Yasmina et Fouad Filali ont choisi de poser les fondations de La Fiermontina Ocean.


Plus qu’un hôtel, c’est le prolongement de la maison familiale, un hommage à leur grand-mère Antonia Fiermonte (violoniste, peintre et muse, disparue à l’âge de 42 ans), mais aussi un projet ancré dans le réel, porté par la Fondation Orient-Occident, qui œuvre depuis trente ans à offrir des perspectives aux populations les plus vulnérables.
Le domaine s’étend entre oliveraies et falaises avec quinze suites, deux villas et quatre maisons de village qui accueillent les visiteurs. La pierre de Taza, les pigments naturels, les objets choisis dialoguent avec le paysage sans l’éclipser. La plupart des maisons du village de Dchier ont été restaurées à l’identique, une école a été réhabilitée, huit kilomètres de canalisation ont été posés. Le futur se dessine petit à petit.


Le matin, ce sont les femmes du village qui préparent le petit déjeuner. Baghrirs tièdes, amlou maison, olives, miel. La famille a souhaité créer un moment d’échange où les rôles s’inversent : ce sont elles qui reçoivent, dans leurs maisons repeintes en bleu et blanc, devenues lieux de transmission. À l’heure du déjeuner, la cuisine du domaine fait la part belle aux produits cultivés dans le potager du village, aux poissons du jour sublimés par une huile d’olive produite à quelques kilomètres.