Interview tac au tac avec Claudia, fondatrice du No Diet Club

«Oh, regarde moi ça… J’ai mis pas mal de gros sel en dessous pour que la moelle ne s’échappe pas de l’os. Sinon, je ne sais pas si vous salez la viande avant, pendant ou après, moi ça dépend des jours. Regarde moi ça… C’est parti là, regarde moi les bords de la viande là… C’est magnifique cette cuisson.» Claudia est dans sa cuisine et prépare une recette pour les quelques 130000 followers qui la suivent sur Instagram.
MINT

Qui t’a donné envie de cuisiner ?

claudia

Ma mère! Elle cuisine super bien… Je la mets tout le temps en story, elle est comme moi. C’est une femme très naturelle, une bonne vivante. Elle cuisinait un peu de tout, beaucoup de plats français ou portugais, parfois même un mélange des deux ou alors des lasagnes, le fameux poulet rôti ou un gratin dauphinois ! Elle faisait pas trop de gâteaux en revanche, c’est peut-être pour ça que ce n’est pas ce que je préfère. J’y ai tout de même pris goût avec le temps !

M

C’est quoi ta madeleine de Proust ?

c

Je crois qu’il y en a plusieurs mais je dirais la sole meunière. Ma mère en faisait souvent quand j’étais plus jeune! J’ai une nostalgie de dingue quand je commande ce plat au restaurant!

Photos : Tiphaine Caro
M

Si ça n’avait pas été la cuisine, qu’aurais-tu fait comme métier ?

c

J’aurais fait de la musique. C’est ce que j’ai fait durant les trois quarts de ma vie et ce n’est que récemment que je me suis intéressée professionnellement à la bouffe. Être chanteuse était un rêve de gosse. Mon père est chanteur, il a 60 ans de carrière au compteur. Son truc c’était la musique un peu romantique, les chansons d’amour à la Julio Iglesias mais au Portugal !

M

Tu as déjà pensé à reprendre cette carrière ?

c

Tous les jours. Il n’y a pas un jour où je n’y pense pas en me demandant ce que j’aurais pu être si j’avais persévéré. Si je devais reprendre la musique, je referais tout différemment. J’ai arrêté parce que je n’étais pas en phase avec ce que je faisais. Sortir un album a pris quatre ans et finalement en quatre ans on évolue beaucoup, autant en sonorités qu’en tant que personne. J’avais changé de style, je ne voulais plus raconter les mêmes choses… À la fin le résultat ne me ressemblait plus et je ne voulais plus le défendre sur scène. Je continuais à aller en studio, je postais des morceaux sur Youtube et à un moment j’ai décidé de tout arrêter et c’est devenu impossible pour moi de continuer la musique. J’ai eu besoin de changer d’air, de quitter Paris et de fuir loin de tout ça.

M

Quelles sont tes attaches à la ville de Londres ?

c

Justement, ma vraie découverte de Londres coïncide avec cette envie de changement. Je suis partie à Londres pour faire un break et j’ai tellement aimé que j’ai décidé de m’y installer avec mon copain Anthony, qui est l’autre moitié de No Diet Club. On a vraiment eu un coup de cœur pour cette ville, si bien qu’on a cherché à s’y installer avant même de savoir ce qu’on allait y faire ! On s’est trouvé une colocation, c’était un appartement à 8 dans le quartier de Whitechapel, y avait pas d’internet, pas de pommeau de douche, zéro confort.

M

Comment est né No Diet Club ?

c

On avait repéré des food tours sur Airbnb Expériences, les thématiques étaient très traditionnelles, ça se passait autour du fish’n’chips ou du tea time à l’anglaise avec des petits scones et compagnie ! Nous ce qu’on a adoré en arrivant à Londres, c’est la richesse de la street food et c’est tout naturellement qu’on a choisi de la mettre en avant dans nos visites. À l’époque déjà, j’étais bien plus intéressée par la découverte de la gastronomie d’un pays plutôt que la visite des monuments ou des musées! Quand j’ai découvert Londres, c’était le paradis… Le Camden market, le Bourough market… Toute cette bouffe délicieuse, hyper riche qu’elle soit vegan, végétarienne ou non… En street food, Londres avait une large longueur d’avance et c’est encore un peu le cas ! En tout cas je me suis tout de suite dit que ça pouvait me plaire de partager ma passion pour la bouffe et de rencontrer des gens!

M

T’étais quel genre d’enfant ?

c

Petite j’étais hyperactive et plutôt nerveuse. Aujourd’hui je crois que je peux autant être très speed qu’une vraie limace. Je passe d’un état à l’autre, il n’y a jamais d’entredeux, je peux être assez intense et paradoxale ! À l’école, j’étais un cancre… J’étais vraiment juste là pour épater la galerie! Je faisais rien et les profs devenaient fous. J’étais déjà obsédée par la musique et pour moi c’était ça ou rien. J’ai toujours été assez bornée et têtue!

M

C’est quoi ce que tu préfères au Portugal ?

c

La bouffe, bien évidemment ! La cuisine à Porto, pour être exacte. Le poisson délicieux et pas cher, et pas que la morue hein… Rien que de penser à des petites sardines grillées cuites sur la braise, ça me donne faim!

M

Le défaut que tu ne supportes pas chez les gens?

c

L’hypocrisie, j’ai horreur de ça et c’est une des raisons pour lesquelles je peux être assez méfiante.

M

C’est quoi le Disney que tu as déjà vu cent fois ?

c

Oh la la, il y en a plein mais je pense forcément au Roi Lion, je l’avais vu en avant-première au Grand Rex avec ma mère et c’était un moment vraiment magique. J’ai pleuré d’ailleurs !

M

Est-ce que tu as une phobie ?

c

Je n’aime pas trop les insectes, tout ce qui est araignées, bourdons, abeilles… Je peux vivre à la campagne mais il me faut quelqu’un pour défoncer toutes les bestioles! Sinon j’ai peur de l’avion. Quand j’étais plus jeune, on rentrait du Portugal et au décollage il y a eu un gros souci. Tout le monde hurlait, c’était horrible. Depuis je n’ai plus jamais pris l’avion de ma vie et j’avais 13 ans. Imagine tout ce que j’ai pu rater comme opportunités dans ma vie à cause de ça…

M

C’est quoi la cuisine que tu préfères ?

c

Oh, c’est très difficile de te répondre, j’aime tout ! J’ai l’impression qu’on peut se régaler dans tous les pays ! J’adore manger des cuisines différentes tous les jours, voyager dans l’assiette c’est un kif ! J’aime la cuisine japonaise, thaï, vietnamienne, italienne… Et j’ai un gros gros faible pour la cuisine coréenne ! J’adore le principe d’avoir plein de petites assiettes à table avec plein de choses à picorer !

M

Quelle est la chanson que tu chantes sous la douche ?

c

Amy Winehouse, tous les jours ! Je chante Valerie en ce moment… Elle me manque tellement. Je suis allée voir l’expo consacrée à sa carrière au Design museum à Londres le mois dernier. Qu’est-ce que j’ai chialé. J’ai j’ai vu les textes qu’elle écrivait quand elle était gamine, quand j’ai lu ses «to be list» dans lesquelles elle liste tout ce qu’elle aimerait devenir en grandissant, ses buts dans la vie… Et tu te rends compte qu’elle a tout réalisé sauf se marier et avoir des enfants.

M

Et toi c’est quoi tes buts dans la vie ?

c

Ne pas m’ennuyer… Faire plein de choses différentes et ne jamais tomber dans une routine. Avoir le courage d’entreprendre, me lancer dans les projets que j’ai envie de réaliser… J’ai pas envie de devenir riche ou ce genre de trucs.

M

Tu penses que c’est quoi ta plus grande qualité ?

c

Oh la la, c’est dur comme question, tu me demandes de m’envoyer des fleurs ! Je pense que je suis drôle quand même, et qu’on ne s’ennuie pas avec moi ! Quand je suis avec quelqu’un, je cherche toujours à lui faire passer un bon moment.

M

C’est quoi le film que tu as le plus revu ?

c

Alors sache que je suis cinéphile, tu n’imagines pas à quel point. Je pourrais passer ma vie à regarder des films! Je pense à Candy avec Heath Ledger et Abbie Cornish. L’acteur est mort assez jeune, maintenant que j’y pense, entre lui et Amy Winehouse je suis très touchée par les talents gâchés… Candy c’est l’histoire de deux drogués, c’est très profond mais si d’apparence ils ne font pas grand chose de leur vie.

M

Je t’offre un verre, tu prends quoi ?

c

On peut commencer par une tournée de shots qui nous démonte direct? Ça va nous donner envie de papoter et de faire les folles. Sinon on prend un verre de chardonnay et on voit !

M

File-nous la recette que tu fais pour pécho ?

c

Déjà, ça fait 13 ans que je suis avec mon copain donc… Et puis je n’ai jamais pécho en cuisinant mais je peux poser un de mes sandwichs sur ma chatte si tu veux? Plus sérieusement, je te suggère de faire des gnocchis avec une bonne sauce. Fais pas les gnocchis maison hein, tu sais pas encore si il ou elle vaut le coup de te craquer! Tu fais ça avec une sauce au gorgonzola et c’est parfait! J’ai fait une sauce à l’ail des ours aussi récemment mais c’est peut-être moins l’idée !

-> www.nodiet.club — Instagram: @no_diet_club
et @clauclaubouffetrop
-> Les Recettes du Gras, Éditions Marabout, 14,95€

Journaliste
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Déborah Pham
Co-fondatrice de Mint et du restaurant parisien Maison Maison. Quand elle n’est pas en vadrouille, elle aime s’attabler dans ses restos préférés pour des repas interminables arrosés de vins natures. Déborah travaille actuellement sur différents projets éditoriaux et projette de consacrer ses vieux jours à la confection de fromage de chèvre à la montagne.

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