Les cuvées militantes de Vins et volailles

Oh jaja ! Y a pas moyen de passer à côté des cuvées militantes du collectif Vins et Volailles emmené par Fleur Godart. En attendant de déboucher l’une de ces quilles natures pour noyer le patriarcat, la co-auteure de Pur Jus, nous raconte leur genèse.

Putes féministes

Tout a commencé autour d’un joyeux lever de coude au cours duquel un échange musclé s’est achevé sur ces mots « On ne peut plus rien dire avec ces putes féministes ! ». « Une lueur nous a traversé l’esprit. Avec Louise, mon associée, on s’est demandée si l’on ne devait pas se rebaptiser ainsi en rigolant, puis très sérieusement. Quelques jours plus tard, le vigneron Julien Albertus m’appelait pour me parler de 850 bouteilles dont il ne savait que faire, une de macération de gewurztraminer et de muscat », raconte Fleur Godart. « Ce sont des cépages souvent considérés comme vulgaires. En les vinifiant en orange, on obtient des arômes chatoyants, des notes aromatiques très coquettes avec de jolis tanins et une douce amertume. Pareil à de bonnes basses sous les aigus pour rééquilibrer un morceau en musique », décrit-elle. Une cuvée singulière ne ressemblant à aucune autre du vigneron qui deviendra la première d’une série explosive, les cuvées militantes de Vins et volailles.

(dé)coller des étiquettes

Sur Instagram, on voit arriver ces bouteilles dont l’illustration est aussi débridée que le message porté. « J’avais tout de suite soumis le projet à Justine Saint-Lô, illustratrice et co-auteure de la bande dessinée Pur Jus, qui s’est chargée de la conception de l’étiquette de Putes féministes en détournant la célèbre photo d’Helmut Newton « Elles arrivent ». On y retrouve les quatre femmes nues marchant devant une vulve dont s’écoule une rivière de cyprine. L’idée était de tordre la représentation de la femme objet, en les montrant fières et puissantes », continue-t-elle.

Au fil de l’eau, les cuvées se multiplient. On assiste à la naissance de Male Tears toujours en collaboration avec Julien Albertus, dont la sapidité un peu âcre de la macération de riesling n’est pas sans rappeler la salinité du liquide lacrymal. Ou encore Sorcières, un chablis signé de la vigneronne Athénaïs de Béru dont l’étiquette représente des femmes menstruées foulant des raisins. « Encore aujourd’hui des femmes se font refuser l’accès aux chais, notamment pendant leurs règles, sous prétexte que leurs hormones perturberaient la vinification », souligne Fleur. T’as pas encore rencontré le bon, cuvée de sauvignon blanc, ou encore On ne peut plus rien dire, cuvée de gamay, viennent compléter la collection des jajas du collectif où arrive bientôt Amazone.

Encore aujourd’hui des femmes se font refuser l’accès aux chais, notamment pendant leurs règles, sous prétexte que leurs hormones perturberaient la vinification

Fleur Godart, créatrice de Vins et volailles

« De plus en plus de vignerons nous font part de leur volonté de collaborer avec nous. On souhaite diversifier les messages des cuvées en abordant la problématique du handicap avec le domaine Clos Fantine baptisée Differently-abled. Ou encore celle du racisme avec le vigneron Milan Nestarec, qui s’appellera Don’t touch my hair dont j’aurais adoré partager un canon avec Nina Simone », confie Fleur.

À noter également, tous les bénéfices des cuvées militantes de Vins et volailles sont reversés à diverses associations en lien avec la cause mise en avant. « Putes Féministes a permis de collecter des dons pour l’association Acceptess-T œuvrant pour les travailleuses du sexe trans par exemple » détaille-t-elle. « Notre indépendance nous permet de ne pas avoir cette crainte de « se griller » dans le monde du vin. On reçoit pas mal de messages d’encouragements et de remerciements de personnes se sentant enfin incluses dans ce milieu encore très masculin qui intimide beaucoup », finit par ajouter Fleur. De quoi alimenter notre réflexion.

-> À retrouver dans le catalogue disponible sur leur compte Instagram, ou dans l’une des caves partenaires de Vins et volailles.

-> @vinsetvolailles

Journaliste
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Anouchka Crocqfer
Anouchka est journaliste chez Mint Magazine. Passée dans les colonnes de L'Express Styles, du Parisien, de Néon, et de Bon Temps elle arpente les rues à la recherche de nouvelles tendances lifestyle.

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