Cuisiner et manger de la viande, en voilà un truc de bonhomme !

C’est bien connu. Et, en ce moment, on en entend beaucoup parler. Le barbecue est une affaire masculine. Si quelques hommes fuient encore les fourneaux classiques pour la popote quotidienne, lorsque le temps estival des grillades arrive, la virilité reprend ses droits et les discussions s’enflamment vite. Chacun y va de son conseil sur les meilleures techniques de cuisson ou les ustensiles indispensables, tels des hommes du feu ayant traversé quelques 800 000 ans d’histoire. Et quand il s’agit de passer à table, les hommes bouderaient souvent les aliments verts et de façon plus générale le végétarisme. Car oui, qu’on se le dise bien, consommer de la viande cultive la masculinité. Nora Bouazzouni l’explique dans ses essais sur les rapports entre genre et alimentation, Steaksisme et Faiminisme. Le sexisme se cache aussi dans nos assiettes et ce, depuis la Rome Antique. Au-delà des conséquences sociétales, l’impact environnemental n’est pas à négliger. Alors que la question de l’écoféminisme déchaîne actuellement certains politiques, l’approche genrée des comportements alimentaires explique tout de même quelques petites choses. Le régime carné est factuellement plus pollueur et les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une étude menée par des sociologues de l’université de Leeds, la consommation de viande des hommes génère 41 % d’émissions de gaz à effet de serre de plus que celle des femmesPour autant, une production raisonnée d’élevage animal reste une façon vertueuse de préserver la planète et l’écosystème, et cela n’est pas une question de genre. Une autre étude britannique, publiée en 2021 dans le Journal for Industrial Ecology, démontre que les dépenses des hommes causent en moyenne 16 % d’émissions polluantes de plus que les femmes. Un fait qui rejoint le propos de Lucile Peytevin dans son ouvrage Le coût de la virilité. On peut donc dire que l’on s’est penché sur le problème et qu’il est inutile de questionner la véracité de données pleinement établies. Pour autant, ne mettons pas de l’huile sur le feu, épargnons-nous les raccourcis fâcheux et commençons peut-être à oeuvrer dans les cantines scolaires. Car il ne s’agit en aucun cas de fustiger la gente masculine mais peut-être de s’attaquer à des schémas culturels et à un système éducatif dont pâtit tout à chacun.e, en remettant au menu le bien-manger.

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