Confinement, le fait maison

Nous avons été nombreux, pendant le confinement, à raviver la flamme entre notre gazinière et notre estomac. Cloîtrés mais loin d’être à court d’idées, le fait-maison s’est vite imposé comme une nécessité. Mais au delà de la simple alimentation, le passage aux fourneaux a été, pour les gourmets l’occasion, de peaufiner leurs recettes et de s’adonner aux plaisirs de repas partagés.

On ne compte plus le nombre de recettes qui fleurissent sur les réseaux sociaux, nous invitant à explorer nos talents et à poster nos aventures culinaires — ratés compris. Shirley Garrier et Mathieu Zouhairi, photographes connus sous le nom de The Social Food sont de ceux-là. « On a vu naître un phénomène incroyable, la cuisine était partout. Nous sommes revenus à un besoin primaire et basique qui nous a tous rassemblés » constate le couple qui a trouvé dans cette activité une manière d’être productif sans sortir de la maison. « Les personnes n’avaient pas d’autre distraction, se sont recentrés sur eux-mêmes, et sur ce qui est essentiel. C’est une bonne chose de mesurer l’importance d’un acte si banal ». Le temps étant devenu notre allié, ce sont aussi nos habitudes en matière de consommation qui ont évoluées vers plus d’aliments frais et locaux — limitation des déplacements oblige. Ainsi, Mathieu ne jure plus que par l’épicerie en bas de chez lui qui propose des produits en circuit court.

Même son de cloche du côté d’Alice Moireau, mannequin passionnée de gastronomie excellant dans l’art de table, confinée dans sa maison familiale du Loiret. « Tous les deux jours j’écumais les commerces de bouche et les marchés à vélo. On y fait de belles trouvailles, comme les asperges blanches de la région qui sont incroyables », dit-elle. Aussi, on se souvient tous de nos ruées vers l’œuf, attestation en main, espérant trouver les ingrédients nécessaires à la préparation du cake au citron qui nous a fait de l’œil sur Instagram. Manque de pot, le quartier hébergeait visiblement des centaines d’apprentis de l’école Ferrandi. Place à la débrouillardise et les fonds de placards. « Pour une mayonnaise, j’ai dû me résoudre à remplacer les blancs d’œufs par de l’aquafaba, l’eau des pois-chiches. Résultat : ma sauce se tenait bien, avec une texture aérienne sympa ». Ces astuces et détournements d’ingrédients, aussi simples soient-ils, sont toujours ceux qui confèrent à nos plats ce savoureux goût de victoire que seul le « fait-maison » sait nous procurer.

La mise en place de la vente à emporter et la livraison à domicile leur a permis de rebondir, mais cela ne remplacera jamais ni l’ambiance ni l’âme d’un restaurant

Shirley Garrier et Mathieu Zouhairi, le duo de The Social Food

Loin des yeux, près du ventre, les recettes familiales ont largement contribué à adoucir nos soirées de confinement. Alice a, pour sa part, mis la main sur les carnets de recettes de sa maman griffonnées lors de dîners entre amis. « Elle y notait tout, des amuse- bouches au dessert en passant par la date, et le nom des convives ». Sa madeleine de Proust, les beignets d’acacia, la ramenant au souvenir de cueillette familiale et l’effervescence du dimanche matin en cuisine avant de passer à table. Si « la bonne cuisine, c’est le souvenir » comme l’écrivait Georges Simenon, on a parfois lamentablement échoué à la préparation des plats de nos adresses favorites dont le nom suffit à nous émoustiller. Pour The Social Food, rappelant la crise sans précédent vécue par les restaurants, les sushis n’auront jamais la même saveur qu’à la table d’un restaurant. « La mise en place de la vente à emporter et la livraison à domicile leur a permis de rebondir, mais cela ne remplacera jamais ni l’ambiance ni l’âme d’un restaurant ».

Margot Le Carpentier – créatrice du bar Combat à Paris dont les recettes de cocktails ont égayé nos apéros en visio le confesse, ses pizzas maison n’ont pas réussi à détrôner celles d’un bon resto italien. « Le confinement a eu un impact sur mon alimentation mais cela se terminera certainement quand les restaurants reprendront leur activité, tout comme moi », lâche-t-elle. « Ces deux mois ont été intenses, une source de stress énorme. Je pense en particulier aux mamans souvent seules aux fourneaux pour les trois repas quotidiens, avec tout le reste de la charge mentale à la maison », une réalité à ne pas oublier.

→ The Social Food — @thesocialfood
→ Alice Moireau — @alicemoireau
→ Margot Le Carpentier — @margot.combat

Journaliste
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Anouchka Crocqfer
Anouchka est journaliste chez Mint Magazine. Passée dans les colonnes de L'Express Styles, du Parisien, de Néon, et de Bon Temps elle arpente les rues à la recherche de nouvelles tendances lifestyle.

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