Projet Japon : l’histoire méconnue du sushi saumon

Et si on vous révélait que le roi des sushis, le salmonidé, n’est pas d’origine japonaise, vous le croiriez ? Étonnant n’est-ce pas, et pourtant vrai. Si le thon est définitivement pêché dans les eaux nippones, le saumon a été importé par son plus grand pays producteur : la Norvège.

Cette pure opération marketing, surnommée « Projet Japon » est orchestrée en 1985 par Thor Listau, alors ministre de la pêche. Du saumon, il en a à revendre, à ne plus savoir qu’en faire. Il se trouve que le Pays du soleil levant connaît une crise sans précédent. Jusqu’alors, il était inutile d’importer des produits de la mer, tant le rendement était important et auto-suffisant : 7 millions de tonnes par an, soit largement assez pour la consommation locale. Seulement voilà, en raison d’une mauvaise gestion des stocks, l’offre poissonnière  s’appauvrît considérablement et l’archipel doit se résoudre à l’importation.  Le saumon n’est pourtant pas chaleureusement accueilli par la culture culinaire japonaise, considéré comme trop maigre en comparaison au thon et d’une couleur peu flatteuse. On le dit même dangereux à consommer ! La défiance est donc bien réelle et il faudra attendre 1992, pour que le distributeur Nichirei tente l’aventure en achetant 5000 tonnes de saumon à la Norvège, qui s’est montrée tenace. Le responsable de la campagne, Bjorn Eirik Olsen, leur vend les poissons demandés pour une somme symbolique mais avec une condition, une seule : qu’ils soient uniquement destinés à la confection de sushis. Et contre toute attente, le succès est amplement au rendez-vous. À tel point que la Norvège doit doubler sa production pour satisfaire les besoins d’exportation vers toute l’Asie à partir des années 2000.  

La prochaine fois que vous dégusterez des sushis, vous saurez quoi raconter pour épater la galerie !  

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Marie-Eve Brisson
Marie-Eve est journaliste chez Mint. Elle a fait ses armes chez Télérama puis Causette en passant par une agence de design et l’enseignement du yoga. Elle aime donc faire des détours dans sa vie professionnelle comme dans Paris, où elle part à la quête de nouvelles adresses, avec une prédilection pour les coins cachés, les épices qu’elle ne connait pas encore et les céramistes en tout genre.

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