On a demandé aux designers d'Ikéa pourquoi leur nouvelle collection tire son épingle du jeu

Le géant suédois du mobilier peu cher pâtit parfois d’une réputation consumériste et étrangère aux enjeux environnementaux. C’était sans compter sur une nouvelle collection au nom facilement prononçable, Mävinn, justement soucieuse de la durabilité des matériaux et qui, par la même occasion, valorise des traditions artisanales de plusieurs pays d’Asie.

Derrière le dessin de ces objets d’art de la table, textiles ou de décoration, se cachent deux designers scandinaves, Paulin Machado et Maria Vinka. Des femmes qui valorisent le travail d’autres femmes, en Inde, en Thaïlande ou au Vietnam, avec lesquelles elles ont partagé un sens commun d’un produit beau et bien conçu. Elles nous ont expliqué en quoi le projet Mävinn était singulier et raconte une nouvelle histoire autour de l’entreprenariat social. On parle approche démocratique du design, savoir-faire qui détruit la barrière de la langue et produits coup de cœur.

« Mon produit préféré est l’abat-jour de la lampe suspendue en fibre de banane, annonce sans détour Paulin. La lampe est faite de minces fils de fibre de banane tressés ensemble selon des techniques artisanales traditionnelles, créant une structure irrégulière et rustique qui émet une lueur douce et chaleureuse. » Maria, quant à elle, aime particulièrement le poster mural en papier de mûrier où un arbre généalogique reste à remplir au soin de chacun. « Il est fait à la main par des artisans et fabriqué dans un papier aussi précieux que les générations qu’on inscrit dessus. » L’objet le plus personnalisable qui soit et qu’on s’approprie sans difficulté.

« Mävinn a un double objectif, explique Paulin, quand on évoque la genèse du projet. Nous ne nous contentons pas de proposer de beaux articles faits main, nous y ajoutons une dimension sociale avec la sollicitation de talents locaux. Nous avons utilisé des matériaux naturels robustes, trouvés sur place en Asie, tels que le jute et la fibre de banane. Notre objectif était de créer une collection variée d’articles artisanaux que quelqu’un qui aime déambuler dans un marché local aurait pu acheté. » Un désir d’authenticité donc, mais aussi une pointe d’originalité. « Nous avons voulu créer des contrastes en utilisant des expressions plus audacieuses. Notamment à travers des couleurs vives, rose, violet ou rouge, conçues pour ressortir et se démarquer. » Le classique denim, indémodable mais conçu dans un coton responsable, est gage de résistance pour des produits tels que le tablier ou l’organisateur mural. « Tout est fait à la main, au carrefour de l’artisanat traditionnel et du design moderne, poursuivent les deux designers. L’idée est de rendre le design abordable et accessible, sans faire la concession de la qualité. C’est ce qu’on appelle « l’approche démocratique du design ». Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les artisans de nos entreprises sociales partenaires pour comprendre leurs techniques, leurs métiers, et en s’enrichissant les uns les autres. » Evidemment, la barrière de la langue aurait pu être un problème. Mais Paulin explique qu’elles ont adoptées un autre mode de communication, tout aussi efficace. « Maria et moi sommes toutes deux artisanes à nos heures perdues, et nous aimons nous asseoir avec les artisans pour apprendre les techniques traditionnelles. Ainsi nous avons échangé par le tressage, le tissage ou la couture. »

Les créatrices sont fières du travail accompli, et cela se sent dans le récit qu’elles en font. « Aujourd’hui, nous collaborons avec sept partenaires dans toute l’Asie qui disposent d’un large éventail de compétences. Cela nous permet de créer toute sorte d’objets du quotidien qui, nous l’espérons, plairont à nos clients. Nous apprécions vraiment de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires et d’être le plus souvent possible sur le terrain pour apprendre d’eux. »

Un design vertueux donc, comme un fil rouge de sa fabrication à sa distribution. Un positionnement que l’on n’aurait pas nécessairement attendu de la part du géant Ikéa. Une belle surprise dans ce virage amorcé par cette nouvelle collection, vers une fabrication responsable et plus mesurée. On attend que cela dure !

-> Collection Mävinn – disponible en ligne et en magasin en juin 2023

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Marie-Eve Brisson
Marie-Eve est journaliste chez Mint. Elle a fait ses armes chez Télérama puis Causette en passant par une agence de design et l’enseignement du yoga. Elle aime donc faire des détours dans sa vie professionnelle comme dans Paris, où elle part à la quête de nouvelles adresses, avec une prédilection pour les coins cachés, les épices qu’elle ne connait pas encore et les céramistes en tout genre.

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